Faut-il passer à l’échelle nationale la tarification forfaitaire des soins de santé en République Démocratique du Congo?
L’accessibilité financière aux services de santé demeure une préoccupation majeure dans les pays à faible revenu où les paiements pour les soins se font essentiellement au moment et au point d’utilisation. Ces paiements directes sont le mode le plus régressif et inéquitable de financement des soins de santé, en imposant une proportion plus élevée de revenu parmi les ménages pauvres que les plus riches, et leur effets négatifs sur l’accès aux soins et l’équité sont largement documentés.
Face à ce constat, le plaidoyer pour l’abolition des paiements directs des soins et services de santé alimenté depuis plusieurs années le débat international sur l’accès aux soins de santé. Certains pays comme la Zambie, le Burundi, le Niger, le Libéria, le Kenya, le Sénégal, le Lesotho, le Soudan et le Ghana ont expérimenté la suppression des paiement directs pour les principaux services spécifiques, tels que les soins obstétricaux. De l’application de ces politiques d’abolition des paiements directs dans ces pays, il en a résulté dans la plupart des cas une augmentation soudaine de l’utilisation des soins curatif et dans quelques cas celle des soins préventifs. Il faut cependant noter qu’à l’instar de tout changement à introduire dans un système, les politiques d’abolition des paiements directs nécessitent une préparation minutieuse.
A défaut d’une telle préparation, surtout en termes de compensation financière du manque à gagner pour les services et les professionnels de santé, l’implémentation de telles politiques s’est accompagnée dans certains pays d’une réduction drastique des flux financiers au niveau des structures de soins, la réduction de la qualité des services, le dysfonctionnement du système de référence et la démotivation du personnel de santé.
La République Démocratique du Congo (RDC) est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres du monde. Elle figure parmi ceux qui occupent les dernières positions dans le classement de l’indice de développement humain (0,433) et du produit national brut (348,5$) (Banque Mondiale, 2016). Le taux de pauvreté demeure très élevé avec 63,4% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté et avec une large disparité géographique entre les provinces et entre les milieux ruraux et urbains.
lire la suite CCSC Inhouce Magazine 18.04.18 CTC